Femmes à la course

Manet était facilement mécontent de ses efforts ou découragé par une critique hostile. Lorsque c'était le cas, il détruisait souvent des oeuvres ambitieuses, dont il découpait les morceaux qui lui paraissaient acceptables pour faire de petits tableaux. Ce fragment de Courses à Longchamp en est un exemple: ces femmes sont peintes à grands traits, car, à l'origine, elles ne sont pas le sujet principal de la composition. Manet se révèle pourtant un observateur subtil: le menton levé pour mieux voir, celle de droite est saisie dans une attitude qu'on peut encore observer sur un champ de courses. Ce sont des dames à la mode, portant d'élégants chapeaux et une immense crinoline sous leur manteau, l'ombrelle de la silhouette au premier plan est rendue par une touche surprenante. Le découpage de Manet aboutit à une habile composition, des roues à peine entrevues suffisent à signaler la présence de calèches derrière les spectatrices.
1865